Chaque année, dès que juin s’installe au jardin, le potager bruisse de promesses et d’envies de renouveau. Alors que la majorité se rue sur les grands classiques – tomates, courgettes ou aubergines –, certains légumes longtemps délaissés reviennent discrètement au goût du jour. Pourtant, ces variétés anciennes débordent de saveur et offrent des récoltes étonnamment généreuses dès l’été, à condition de les semer à la bonne période. Redécouvrir la betterave crapaudine, le chou de Milan, le panais ou encore la fève des marais, c’est miser sur la diversité, la gourmandise et un brin d’originalité au fil des saisons. Voici pourquoi il est grand temps de leur faire une place de choix dans vos parcelles ce mois-ci, avec à la clé toutes nos astuces pour bien se lancer.
Redécouvrez les légumes oubliés qui subliment le potager de juin
Face à l’uniformisation des étals et à la lassitude qui guette parfois les jardiniers, remettre ces variétés au cœur du potager ouvre un champ d’expériences nouvelles, tant pour les papilles que pour le plaisir des yeux.
Pourquoi remettre à l’honneur ces variétés anciennes
Au fil des siècles, certaines espèces ont été mises de côté, malgré leur robustesse et leur goût incomparable. Plantation après plantation, elles se sont effacées au profit de légumes modernes, certes prolifiques, mais aussi plus standardisés. Pourtant, cultiver ces « oubliés » permet de renouer avec des traditions familiales, parfois transmises de génération en génération dans quelques villages de France, où la crapaudine ou la fève des marais refont surface à la table du dimanche.
Redonner sa place à ces légumes, c’est aussi participer à la sauvegarde de la biodiversité en cultivant des variétés moins courantes, particulièrement adaptées à nos terroirs. Un geste simple, mais lourd de sens, à l’heure où chacun cherche à réduire son impact et à retrouver le sens du local.
Des trésors nutritionnels à portée de main
Ce qui frappe en feuilletant de vieux carnets de recettes, c’est la richesse nutritionnelle de ces légumes. Les betteraves crapaudines, par exemple, sont reines de la vitamine B9 et du fer – idéales pour soutenir le système immunitaire en cas de coup de mou à la mi-saison.
Le panais, quant à lui, regorge de fibres et d’antioxydants, tandis que le chou de Milan fait le plein de vitamines et de minéraux indispensables à une alimentation équilibrée. Sans oublier la fève des marais, reconnue pour son apport exceptionnel en protéines végétales. Avec leurs saveurs affirmées, ils rappellent que l’équilibre alimentaire passe aussi par la variété dans l’assiette.
Une touche d’originalité pour surprendre vos récoltes estivales
Planter ces légumes en juin, c’est s’offrir une récolte pas comme les autres. Lorsqu’arrivent les chaleurs estivales, qui n’a jamais rêvé d’épater son entourage avec une salade de betteraves à la chair rouge profond, une poêlée de panais dorés ou encore un minestrone boosté par le croquant de la fève ?
Loin d’être anecdotiques, ces espèces anciennes ajoutent du caractère tout en rendant votre potager unique. Un bel argument pour les amateurs de nouveautés et de traditions revisitées !
Les 4 stars méconnues à planter sans attendre

Le mois de juin offre un créneau idéal pour installer ces légumes anciens qui transformeront votre potager en un écrin de saveurs d’antan. Voici un tour d’horizon complet pour ne rien manquer de la plantation à la récolte.
Betterave crapaudine : douceur rustique et chair fondante
Adulée depuis le 17ème siècle, la betterave crapaudine se distingue par sa forme allongée, sa peau rugueuse et sa couleur presque noire. Cela ne l’empêche pas d’offrir une chair d’un rouge profond, juteuse, et d’une douceur surprenante. Sa culture, accessible à tous, s’effectue directement en pleine terre jusqu’à la mi-juin. Après la levée, généralement sous 15 jours, pensez simplement à éclaircir : laisser aux jeunes pousses l’espace de s’exprimer, c’est la promesse de racines savoureuses à l’automne.
Avec son goût sucré et ses propriétés nutritionnelles remarquables, la crapaudine sublime salades, jus, soupes ou compotées. C’est aussi la seule betterave dont la saveur sucrée se marie à merveille en dessert, par exemple râpée dans un gâteau moelleux. Un trésor oublié… jusqu’à ce qu’il s’invite sur votre table.
Chou de Milan : robustesse et feuilles craquantes
Le chou de Milan, parfois surnommé « chou frisé », séduit par sa structure cloquée, sa robustesse face au froid et son vert éclatant. Son secret ? Une rusticité incroyable et une croissance échelonnée : semé en juin, il pourra être dégusté dès la fin de l’été et jusqu’aux premiers frimas. Les variétés semées ce mois-ci réservent souvent la surprise d’une récolte aussi généreuse que savoureuse.
Bien que son nom évoque l’Italie, le chou de Milan est un pilier des potagers français ruraux et citadins. Il se prête à toutes sortes de recettes : farci à l’ancienne, simplement émincé en salade, ou mijoté dans un pot-au-feu familial. La clé ? Un sol bien préparé et un emplacement ensoleillé, pour des feuilles à la texture inimitable.
Panais : la racine sucrée qui change tout
Longtemps oublié et confondu avec sa cousine la carotte, le panais effectue un retour remarqué sur les étals et dans nos assiettes depuis quelques années. Sa racine blanchâtre, bisannuelle si on la laisse en place, se distingue par un parfum sucré rappelant la noisette ou le céleri-rave. Semé en juin, le panais aime les terres profondes, légères et ensoleillées ; il s’accommode aussi de la plupart des sols tant qu’on l’éloigne d’une précédente culture de laitues, contre lesquelles il se montre capricieux.
Au Moyen-Âge, le panais était l’un des légumes préférés dans les soupes de fermes et chez les apothicaires. Aujourd’hui, il s’invite dans les frites, les gratins ou les purées, et séduit ceux qui veulent du goût et de l’originalité, sans compromis sur la facilité d’entretien.
Fève des marais : un légume riche, idéal pour la saison
Rarement proposée sur les marchés mais adulée des amateurs de potager, la fève des marais est une légumineuse prodigue en gousses charnues, riches en protéines et minéraux. Sa facilité de culture, sa résistance aux aléas climatiques, et sa capacité à enrichir le sol en azote la placent en tête des plantations malines pour diversifier le jardin.
Le semis, possible jusqu’en juin dans la moitié nord ou en altitude, offre une récolte dès juillet. La petite astuce pour éviter les mauvaises herbes et stimuler sa croissance ? Butter les pieds de fèves lorsqu’ils atteignent 10 centimètres de haut. À la clé, non seulement de jeunes gousses croquantes à la saveur légèrement sucrée, mais aussi un sol reposé, prêt à accueillir d’autres cultures à l’automne.
Astuces de pros pour une plantation sans faux pas
Planter ces légumes anciens demande sens pratique et quelques bons réflexes pour mettre toutes les chances de son côté. Des conseils glanés au fil des saisons, à travers potagers urbains ou terrains familiaux, permettent de maximiser chaque récolte.
Les secrets d’un sol accueillant pour des pousses vigoureuses
La clé d’une belle récolte commence sous terre. Les anciens avaient pour habitude de travailler la terre profondément et d’y incorporer de la matière organique mûre, comme du compost bien décomposé, afin d’obtenir un sol riche, frais et meuble. Pour la betterave crapaudine ou le panais, le sol doit être bien ameubli sur au moins 30 centimètres. Le chou de Milan et la fève apprécieront, eux, un apport de compost à l’automne précédent, mais sauront aussi tirer parti d’une terre fraîchement amendée.
Pensez à choisir un sol plutôt neutre, ni trop acide ni trop alcalin, et à pratiquer la rotation : ne remettez jamais deux années de suite les mêmes familles au même endroit. Une rotation de 4 à 6 ans entre panais ou choux, par exemple, limitera maladies et parasites.
Arrosage, compagnonnage et bons gestes à adopter
Au potager, la patience et l’observation sont souvent les meilleures alliées. Un arrosage régulier mais sans excès, de préférence le matin ou en début de soirée, garantira des pousses vigoureuses et des légumes tendres. Les associations de cultures ancestrales n’ont rien perdu de leur intérêt : installer vos choux de Milan après des fèves, ou alterner rangs de panais et d’oignons, optimise l’espace et maintient la terre saine.
Pour la fève des marais comme pour les autres légumineuses, ne négligez pas le buttage des plants, ni l’élimination des mauvaises herbes dans les premiers stades. Quant à la betterave, elle appréciera une légère pause de mulch en été, en cas de canicule, pour garder toute son humidité et promettre de belles racines.
Erreurs à éviter pour voir vos légumes oubliés fructifier
Trop souvent, la précipitation ou l’enthousiasme débordant se soldent par des oublis fatals à la réussite des cultures. Semez toujours à la bonne profondeur : la betterave et la fève des marais n’aiment pas être plantées trop profondément, sous peine de peu lever, tandis que le panais supporte mal la concurrence avec des légumes-feuilles trop proches.
Enfin, n’oubliez jamais que la terre a besoin de repos entre chaque culture : ressemer du chou de Milan ou du panais trop vite au même endroit peut appauvrir la terre et attirer les nuisibles. Laissez passer quelques saisons, variez les plantations, et vous verrez peu à peu votre récolte s’amplifier, année après année.
À quoi s’attendre cet été : saveurs et surprises au rendez-vous

Semez aujourd’hui, savourez demain : voici ce qui vous attend si vous succombez au charme de ces légumes oubliés. Du plaisir pur, de la découverte et une fierté toute particulière lors de la cueillette.
Quand et comment profiter de vos premières récoltes
Les chanceux qui sèment en juin verront leurs betteraves prêtes à cueillir entre fin août et octobre, tandis que les choux de Milan débuteront leur première récolte dès septembre. Pour la fève des marais, surprise ! En plantant tardivement, il est possible de goûter ses jeunes gousses dès le cœur de l’été. Le panais, lui, s’arrachera de la terre au fil des besoins ou se gardera tout l’hiver, prêt à être savouré lors des premières fraîcheurs d’automne.
Un conseil ? Cueillez vos légumes le matin, juste après la rosée, pour préserver tout leur croquant et leur parfum – c’est la petite astuce que les jardiniers expérimentés partagent volontiers avec les débutants.
Recettes et idées pour sublimer ces légumes anciens au quotidien
La diversité de ces légumes autorise toutes les audaces culinaires. La betterave crapaudine, par exemple, se déguste aussi bien crue râpée, que rôtie avec un filet d’huile d’olive et du thym. Récemment remarquée dans des desserts originaux, elle révèle une douceur unique qui fait merveille en gâteau au chocolat fondant.
Le chou de Milan excelle en farcis traditionnels ou poêlés croquants à la pancetta, revisitant le classique du terroir. Le panais, quant à lui, offre une base sucrée idéale pour des purées douces, des frites croustillantes ou des veloutés réconfortants. Enfin, la fève des marais se glisse en salade avec des herbes fraîches et un trait de citron, ou se mélange à des risottos printaniers pour une note verte et nourrissante.
Envie d’une suggestion rapide pour étonner vos invités ? Réalisez un gratin millefeuille en alternant rondelles de betterave crapaudine, panais et pommes de terre, le tout relevé d’un peu de muscade et gratiné au four, ou osez la salade tiède chou de Milan et fèves juste poêlées, accompagnée de noisettes concassées.
Retrouver ces saveurs oubliées, c’est retrouver un peu de l’âme du potager français : authenticité, gourmandise, et transmission. En semant la variété, vous récoltez bien plus qu’une simple abondance de légumes – vous préservez un véritable patrimoine végétal riche d’histoire et de saveurs. Ces légumes trop souvent délaissés pourraient bien devenir les vedettes incontestées de votre potager cet été.