Des milliers d’oiseaux meurent chaque jour à la suite d’une collision avec une fenêtre. On estime à près d’un milliard le nombre d’oiseaux tués par collision avec une surface vitrée, rien qu’aux États-Unis. En Europe, on les compte en centaines de milliers, mais ce problème ne connaît malheureusement aucune frontière humaine. Le comptage est en effet simplement découpé par les études menées dans certaines régions du monde. Pour y remédier, il existe une solution très simple : coller des autocollants sur les vitres des fenêtres ! En parler autour de soi permet de sauver plus de vies d’oiseaux.
Un oiseau mort par an et par bâtiment en France
Il est primordial de prendre conscience dès maintenant que les collisions avec les vitres de fenêtres constituent une des plus grandes causes de mortalité directe des oiseaux, avec les attaques de chats, les véhicules et les lignes de transmission, collectivement responsables de plus de 95 % de la mortalité ornithologique.
Madline Reynaud, présidente de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), indique qu’en France, “plusieurs centaines de milliers de volatiles seraient victimes de ces chocs chaque année“. Les accidents liés aux vitres, baies vitrées, abris bus, verrières extérieures, serres, parkings à vélos et autres mobiliers constitués en verre ou avec des miroirs pourraient pourtant facilement être évités.
La vitre, un élément de transparence ou de réflexion
La surface vitrée est un élément invisible pour les oiseaux. Cela s’explique par le fait que dans la nature, un matériau tout en transparence n’existe pas. La trajectoire de vol des oiseaux n’est ainsi jamais limitée par un écran transparent. Pire, selon la luminosité, la vitre reflète l’environnement alentour, et notamment la végétation du jardin, donnant aux oiseaux l’impression que le jardin continue.
Si l’oiseau croit percevoir un arbre ou buisson au niveau du reflet d’une vitre, il peut venir percuter la fenêtre pensant à un passage. De même, une fenêtre traversante semble créer un corridor sans obstacle. Si l’oiseau se dirige à tire-d’aile vers le reflet, il risque de se heurter violemment à la vitre. Le reflet de la nature est donc trompeur.
Pour comprendre ce phénomène, il faut en effet prendre du recul à l’échelle de l’évolution de l’espèce : sur des millions d’années, la surface vitrée n’a fait son apparition que très récemment dans la vie des oiseaux. Ainsi, bien que les oiseaux soient intelligents, cela explique pourquoi ils ne prennent pas en compte la transparence.
Effet miroir
À la saison reproductive, l’oiseau peut par ailleurs percevoir sa propre image dans une vitre et croire y voir un rival. Il se jette alors sur le reflet qu’il considère comme un intrus à combattre. Il s’épuise et peut alors se blesser en se cognant contre la vitre. Un oiseau qui vient frapper une vitre à votre fenêtre n’a donc aucune signification mystique ou d’ordre spirituel supérieur. L’oiseau adopte ce comportement, car il perçoit un adversaire en son reflet. Ainsi, il croit tout simplement défendre son territoire contre un rival.
Risques de dommages cérébraux
Après un choc, l’oiseau repart parfois au bout de quelques minutes, mais ce n’est pas gage qu’il s’en sortira, car les oiseaux sonnés qui reprennent leur envol meurent souvent un peu plus tard des séquelles sur leur cerveau liées au choc.
Les espèces concernées
Le risque est accru pour les oiseaux qui nichent près des maisons, et dans les arbres des jardins : mésanges bleues, mésanges charbonnières, merles noirs, pinsons, rouges-gorges, moineaux, pics… Pendant la saison de reproduction, ce ne sont pas seulement les animaux blessés qui sont touchés, mais aussi leur progéniture qui ne survit pas, faute d’être nourrie.
Coller un sticker sur une vitre = des vies sauvées !
Pour éviter que les immeubles en verre ou les vitres des maisons ne deviennent des pièges, l’Aspas propose des mesures simples, à commencer par rendre le verre visible :
- Placer des bandes autocollantes ou des stickers anticollision représentant ce que l’on veut, toujours sur la face extérieure
- Tirer les rideaux ou les voilages
- Baisser les stores ou fermer les volets
- Appliquer du liquide UV. Il s’agit de la solution la moins visible pour l’œil humain. Facile à employer, les tracés ont l’avantage de refléter les rayons ultra-violets, visibles pour les oiseaux. Tracez des lignes ou des points à l’extérieur de la fenêtre avec ce liquide à adapter selon les espèces d’oiseaux sensibles aux UV et renouveler la pose après un lavage ou au bout de deux mois.
Les gestes préventifs simples
- Bannissez les mangeoires sur les rebords des fenêtres, car la proximité induite augmente le risque d’accident.
- Au jardin, évitez par ailleurs de tailler les haies trop court pendant la période de nidification (entre mars et fin septembre) afin d’éviter de faire tomber les nids.
Que faire si je trouve un oiseau blessé ?
Munissez-vous d’une boîte en carton trouée pour qu’il puisse respirer et installez-y l’oiseau afin qu’il puisse reprendre ses esprits. Le fait de placer l’oiseau dans l’obscurité limite en effet son stress. Avant déplacer l’oiseau, enfilez des gants. Ensuite, saisissez-le délicatement, les ailes repliées contre son corps. Il ne faut jamais le soulever par une aile ou une patte, au risque d’aggraver ses blessures. Au bout d’un moment, s’il va mieux, relâchez-le à l’extérieur. En revanche, si vous constatez que l’oiseau ne bouge pas, contactez le bureau de la Ligue de la Protection des Oiseaux la plus proche de chez vous.